Quand j'étais ado j'étais convaincue que l'homme était mauvais de nature. Je ne supportais guère mes semblables . Je me tenais souvent à l'écart, ne m'impliquant que très peu dans des relations amicales. Je trouvais mes congénères,trop sûrs d'eux et pas assez dans le doute, pas assez révoltés et trop passifs, trop installés et pas assez en quête... Parfois,certains,me ressemblant fortement, sortaient du lot et trouvaient, bien entendu, grâce à mes yeux.
Puis , j'ai vieilli grandi et je me suis rendu compte que la nature de l'homme est bonne (à quelques exceptions près...).
J'ai mûri appris,et je me suis rendue à l'évidence que c'était moi qui étais "trop". J'étais trop exigeante, trop nerveuse, trop "à chercher la perfection chez les autres".
J'exigeais de mes rares ami(e)s qu'ils-elles soient en tout point exactement conformes à ce que je désirais et n'aurais surtout pas toléré un quelconque défaut dans une amitié que je voulais parfaite. Toutes les petites parcelles d'imperfection que je relevais chez les personnes en voie de devenir mes amis, me les faisaient radier sur le champ de la liste. Quand bien même je me serais efforcée à composer avec ce que je qualifiais de "défaut", je n'y serais pas arrivée tant mon exigence était grande.
Il m'aura fallut beaucoup de temps pour m'apercevoir que l'amitié vraie ne nous arrive qu'au moment où l'on accepte de bon coeur les imperfections des autres.
Il m'aura fallut beaucoup de temps pour me rendre compte que ce que j'avais longtemps appelé "défauts" constitue en définitive, le relief de nos personnalités, la partie de nous-mêmes qui se patine avec l'expérience comme un cuir de sellerie, la différence qui nous fait tantôt "étranger" tantôt "attachant"...
Il m'aura fallut renoncer à la perfection que je convoitais pour moi-même pour accepter des autres leurs imperfections.